La difficulté principale du blogging, et c’est pour ça que je n’ai jamais réussit à maintenir ce type d’exercice sur la longueur, c’est la régularité que ça nécessite. Et, ceux qui me connaissent le savent, ce n’est pas que je n’y pense pas, bien au contraire, mais j’ai besoin d’abord de repasser tout en revue mentalement — d’aucun dirait de ruminer — avant de me lancer. Une fois prête, alors ça va assez vite. On appelle ça semble-t-il la meta-cognition, le fait de penser sur la pensée, ça va mieux en le disant.
J’ai donc plusieurs billets en préparation dans ma tête, mais alors que la Belgique vient de marquer un premier but dans la petite finale de la Coupe du Monde de football, et accumulent les occasions ratées devant les buts anglais, je tente le billet spontané.
En parlant de technique cognitive vue comme contribuant à la survie humaine, j’ai rencontré hier soir la jeune artiste Ireshia Monet, dont le travail sur la résilience touche à la fois la mémoire, la transmission, les traumas et les stratégies individuelles et collectives d’autonomisation et de réparation.
Sa série photographique, The pearls my mother gave me, évoque les transmissions traumatiques, la violence transmise comme un héritage, comment gérer les équilibres entre ce qui doit être dit et les silences.
Il y a ce qu’on (re)garde et ce à quoi on tourne le dos.
Son travail, et ce qu’elle en dit, m’a beaucoup fait penser à celui d’un des participants de la formation Ateliers des horizons de l’an passé, Yves Monnier qui travaille, en tout cas c’est comme ça que je le comprends, sur la résilience. (Son site ne rends pas compte de tout ce qu’il a au travail sur ce sujet, il va falloir me croire sur parole). On a fini nos échanges, Ireshia et moi, en parlant de neurosciences et de Cyrulnik, celle-là non plus je ne l’avais pas vue venir.
Ce qui est drôle dans cette rencontre, c’est qu’on s’est retrouvée par hasard à la Read/Write library, alors qu’on avait échangé des mails dans l’après-midi à propos du Transmedia Story Lab, sans que je sache qu’elle était bénévole photo pour le festival Chicago Archives + Artists.
Ma mère dirait qu’il n’y a pas de circonstances fortuites.
Parce qu’évidemment, des rencontres sur les archives à mon projet de résidence, tout à avoir avec la mémoire et la transmission en ce moment. Qu’elle soit collective — comment garder la trace de l’histoire populaire, de la vie quotidienne, des mobilisations des minoritaires et exclus. Ou qu’on aborde la mémoire individuelle, personnelle, familiale. De quoi se souvient-on quand oublie tout ? A ce que nous disent les vivants, ce que nous laissent les morts.
Il y a aussi le travail de Mathieu Drouet, toujours en cours, sur Terreneuve et la bataille de Monchy-le-Preux. Il y cette expo du Dusable. Il y a les actives archives de Constant. Il y a Vincianne Despret.
Il y a tellement de ramifications.
Enfin, bon, on va encore me dire que meta-cognitionne là et c’est la mi-temps. Il est temps que je me douche et que je mette en route pour la seconde journée du festival sur les archives à Chicago.